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Contes et légendes

Conte de la cuillère
Tengu, qui signifie démon, était le chef d’une bande de voleurs et d’assassins de la région. Ce cynique personnage avait la fâcheuse coutume d’apprécier, par des mises en scène, la médiocrité humaine et ne riait jamais autant que devant le spectacle de malheureux prisonniers se battant les uns contre les autres pour échapper aux souffrances qui les menaçaient. L’une de ses mises en scène favorite consistait à attacher ses victimes les unes aux autres en leur laissant la main gauche libre, à laquelle il faisait fixer une longue cuillère en bois particulièrement malcommode. Regroupés autour d’une table sur laquelle trônait un grand plat de riz blanc, les pauvres voyageurs affamés finissaient par disperser le riz à force de maladresse, d’avidité et de disputes. Les plus forts et les plus habiles survivaient un temps, les autres mouraient rapidement de faim. Un jour, un marchand de livres rares, réputé pour sa sagesse et nommé, Akio Long, fut fait prisonnier avec plusieurs de ses hommes et attaché selon la formule favorite de l’infâme Tengu. Alors que le solide chef des gardes de la caravane roulait des épaules et brandissait sa cuillère comme une arme, Akio plongea promptement la sienne dans le plat et la tendit à son voisin de droite. La longueur du manche convenait parfaitement, le geste devenait facile, le riz ne se perdait pas. Convaincus par l’exemple, les hommes se reprirent et s’aidèrent mutuellement. Ecoeuré, Tengu les relâcha.

Conte sur le courage suprême
Kyokun était maître de thé auprès d’un Daimyo de province qui tirait beaucoup de gloire de sa maîtrise remarquable. Sa réputation avait atteint la cour du Shogun et il accompagna son seigneur lors de sa visite annuelle aux puissants du royaume. Dans les rues de la capitale, il fut défié en duel par un samouraï. L’affaire était manifestement politique et l’on cherchait à atteindre son maître à travers lui. Les règles interdisaient cependant à Kyokun de décliner le funeste rendez-vous fixé au lendemain. N’étant pas homme de guerre, il se savait incapable de remporter le combat ; son seul souci était de ne pas être responsable d’un manquement à l’honneur qui eut pu être par la suite reproché à son seigneur. Il s’ouvrit de son embarras au seul maître de sabre du clan qui faisait lui aussi partie du voyage. « As-tu peur de la mort ? » lui demanda ce dernier. « Je n’ai peur que d’être embarrassé de ces armes que je ne connais pas, de ce combat que j’ignore. Mourir, je le veux bien, mais sans manquer à l’honneur de mon maître ». « Ne t’inquiète de rien et fais ce que je te dis. Demain, rends-toi au rendez-vous avec ce sabre que je te donne, salue profondément ton adversaire, plie ton vêtement avec application et prépare toi comme si tu t’apprêtais à servir le thé. Dans cet état d’esprit, fais face à l’adversaire, ferme les yeux, lève le sabre au-dessus de la tête et attends le bruit de son sabre. Dès que tu l’entendras, coupe devant toi. Tu mourras mais tu le toucheras aussi de ta lame ». Le maître de thé, rassuré, passa une nuit excellente. Face à son attitude sereine et concentrée, le samouraï nerveux qui l’attendait fut ébranlé dans sa confiance. Le voyant si plein de confiance dans une posture sans faiblesse, il décampa sans demander son reste.

Légende sur la modestie
Yoshii, le meilleur élève au sabre de Me Yamada, suivait son enseignement depuis plus de dix ans. Rude et sévère, il dominait de sa stature les séances de travail dans lesquelles il remplissait le rôle de premier assistant ; il prenait beaucoup plus souvent la parole que le vieux Me Yamada qui avait une silhouette débonnaire et un peu ronde et qui restait en retrait dans un coin du dojo. Le sensei (maître) observait sans rien dire, puis passait, jovial, au milieu des couples au travail, rectifiant parfois une position de main ou de pied. Yoshii rythmait l’entraînement qu’il écrasait de son autorité grandissante et prenait part avec passion aux combats qu’il dominait outrageusement. Me Yamada combattait lui aussi, mais avec un relâchement apparent qui rendait difficile de savoir si le coup de shinai (bâton d’entraînement pour le Kendo) qu’on lui avait porté l’avait effectivement surpris ou s’il s’était laissé faire. Yoshii notamment le touchait souvent ; sa jeunesse, sa vigueur et sa technique lumineuse semblaient à chaque fois avoir facilement raison du vieil homme. « Maître, il est temps pour moi de vous quitter » dit un jour Yoshii à Yamada avec assurance. « Mon temps ici est achevé, donnez-moi l’autorisation de partir et une recommandation pour un autre dojo, où je pourrai à nouveau progresser dans mon art ». « Tu as raison mon fils, peut-être est-il venu pour toi le temps d’apprendre quelque chose d’autre… Accepterais-tu de combattre une dernière fois pour le plaisir ? ». Yoshii se mit en garde avec confiance, décidé, à part lui, à ne pas trop anctionner son vieux maître. Sa première attaque fut un peu lente… et il se retrouva projeté brutalement. Yamada avait esquivé et saisi son poignet dans le même mouvement. Confus et mécontent, Yoshii se redressa juste à temps pour subir la charge imprévisible de son adversaire, qui le propulsa dans le mur du dojo avec une force inouïe. Avant de tomber à genou, il avait encore reçu un coup sur le crâne et un coup à la gorge. Le combat fut long et pénible. Yoshii reçut la correction de sa vie, puis Me Yamada l’invita à boire le thé. Il resta.

Histoire sur le respect, « le tunnel »
Zenkai était fils de samouraï et jeune serviteur d’un noble fonctionnaire à Edo. Il tomba amoureux de la femme de son maître ; celui-ci les surprit, tua sa femme et se fit tuer par Zenkai dans un réflexe de défense. Le jeune homme s’enfuit et erra de province en province. Travaillé par son crime, il cherchait tous les moyens de se racheter dans cette vie. Rien n’était trop difficile. Un jour, il découvrit un village situé dans une vallée encaissée. Un chemin escarpé le reliait à la plaine. De nombreux villageois y avaient déjà trouvé la mort. Zenkai résolut alors de creuser un tunnel sous la montagne. Mendiant pendant la journée, il creusait la nuit. Trente ans plus tard, le tunnel était long de plus de deux kilomètres, haut de vingt mètres et large de trente. Zenkai était respecté par les habitants comme un moine. Le fils du fonctionnaire assassiné eut vent de cette histoire. Il fit un long voyage pour venir tuer Zenkai. « Ce n’est que trop juste » lui dit celui-ci « mais le tunnel est bientôt achevé. Laisse moi finir ce travail, tu pourras ensuite accomplir ta volonté ». Plusieurs mois passèrent et Zenkai creusait toujours. Le jeune homme qui ne le quittait guère se mit bientôt à l’aider dans ce labeur. Après un an, il en vint à admirer le courage et la force de caractère de sa future victime. Deux ans plus tard, il le respectait comme un père. Le tunnel fut fini cette année là. « Maintenant, coupe-moi la tête » dit Zenkai « mon travail est fini ». « Comment pourrais-je couper la tête de mon propre maître ? » s’exclama le jeune homme, des larmes dans les yeux…

Légende sur le contrôle de soi
Maître Aoki prenait le frais sur le seuil de sa demeure, à l’entrée du village, d’où il observait les activités des nombreux voyageurs venus pour les festivités d’été. Maître Aoki, très âgé, maniait avec nonchalance une petite baguette de bois souple avec laquelle il chassait très habillement les mouches les plus inopportunes. L’équipage important d’un jeune seigneur passa devant chez lui. A l’arrière du convoi, un grand guerrier aux cheveux blancs s’arrêta et s’inclina devant lui en souriant. Maître Aoki sourit à son tour. Sans se connaître, ils s’étaient reconnus. « Mes fils sont d’un grand réconfort pour mes vieux jours » disait Aoki à son hôte, après un thé réparateur, « j’aimerais vous les présenter ». « Voulez-vous bien placer cette cruche en équilibre sur la porte ? ». Sitôt dit, sitôt fait, et les deux amis, épaule contre épaule, attendirent l’arrivée des trois fils. Le premier à se présenter était mince et souriant. Il s’avança souplement vers la chambre à thé dont la porte était entrebâillée, glissa sa main vers la cruche pour la retenir et entra sans hésiter ni ralentir, avant de se tourner vers son père et son hôte, le visage ouvert et joyeux. « Celui-ci est l’aîné dit maître Aoki. Je n’ai plus rien à lui apprendre et il fait ma joie de tous les jours. » Le second était puissant et sévère d’allure. De l’entrée, il cria : « mon père, je sens un tour à votre façon et je ne tiens guère à le subir. Je reviendrai plus tard saluer notre hôte. ! ». « Celui-ci est le second et sa force au sabre est extrême, mais il a encore beaucoup à apprendre. »Le troisième était vif et bruyant. Il entra largement dans la pièce, déclenchant la chute de la cruche. Avant même qu’elle l’ai touché, il s’était jeté de côté, avait sorti son éventail de métal et pourfendu l’ennemi. Une seconde plus tard, il regardait les deux hommes sans comprendre, allongé dans les débris de poterie. « Celui-là est mon cadet. Pardonnez-lui. Il est jeune et il débute ».

Der Wettkampf
Ein Junge hatte bei einem Autounfall seinen linken Arm verloren, trotzdem war er fest entschlossen, die Kunst des Judo zu erlernen. Schon bald stellte sein japanischer Meister fest, dass der Junge sehr talentiert war. Trotzdem ließ er ihn drei Monate lang immer nur einen einzigen Wurf üben. Schließlich fragte der Junge : „Sollte ich nicht mehr Würfe üben ?“ Dies hier ist zwar der einzige Wurf den du kannst, aber es ist auch der einzige Wurf, den du brauchen wirst“, antwortete der Meister. Der Junge verstand es zwar nicht, aber er vertraute dem Meister und übte weiterhin den Wurf. Einige Monate später nahm der Junge an seinem ersten Wettkampf teil. Zu seiner eigenen großen Verwunderung gewann er die ersten beiden Kämpfe ohne Anstrengung. Der dritte Kampf war etwas schwieriger, doch als der Gegner zum Ende hin etwas übermütig wurde, konnte der Junge auch in diesem Kampf seinen Wurf anwenden und ihn besiegen. Nun war er im Finale. Sein Gegner war größer, stärker und erfahrener. Nachdem der Kampf eine Weile gedauert hatte, wollte der Kampfrichter den Kampf abbrechen, da er Angst hatte, dass der Junge zu Schaden kommen würde. Doch der Meister des Jungen hinderte ihn daran und sagte, er solle die beiden weitermachen lassen. Kurze Zeit darauf machte der Gegner einen Fehler bei der Deckung und der Junge konnte seinen Wurf einsetzen und brachte den ihn zu Fall. Er hatte das gesamte Turnier gewonnen ! Auf dem Heimweg ging er in Gedanken noch einmal alle Kämpfe und die einzelnen Bewegungen durch, doch er konnte immer noch nicht verstehen, warum er eigentlich gewonnen hatte. Schließlich fragte er seinen Meister : „Warum konnte ich mit nur einem einzigen Wurf das ganze Turnier gewinnen ?“ Der Meister antwortete lächelnd : „Zum einen hast du einen der schwierigsten Judowürfe beinahe perfekt gelernt. Zum anderen muss man für den einzigen bekannte Gegenschlag gegen diesen Wurf den linken Arm des Gegners zu fassen bekommen.“ Die größte Schwäche des Jungen war zu seiner Stärke geworden.