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Jollien fait du judo et vous dit "Merci"

C’était à la mi-janvier. Alexandre Jollien, le philosophe aujourd’hui installé à Lausanne avec son épouse, Corine, et ses trois enfants, lançait dans les colonnes de 24 heures une sorte d’appel à l’aide. Il voulait aller mieux, mieux dans son corps, mieux dans sa tête. Il souhaitait faire du sport et pensait en premier lieu au football.

Il expliquait alors : « Il me faut un sport collectif, un groupe. Je pourrais me formater sur les canaux actuels en allant faire quelque chose comme du body building,mais mon corps est déjà un boulet à traîner, donc c’est le groupe, la famille sportive, l’intégration, le jeu avec les autres que je recherche. Le sport, je le vois comme un moyen de vivre le corps de manière choisie et non subie. Je vois le sport au service de la vie. »

Sensibles à la mélancolie d’Alexandre pas aussi bienheureux qu’ils ne le pensaient, nos lecteurs sportifs ont adressé à cet homme extrêmement populaire toutes sortes de propositions magnifiques. En quelques jours, Alexandre fut invité à faire un peu partout de la pétanque, du judo, de l’aviron, du football, du basket, et il n’eut dès lors que l’embarras du choix. Justement, il a choisi, et c’est le judo qui pour l’instant l’a emporté.

Le mardi et le mercredi soir, Jollien noue sa ceinture blanche et, dans son kimono, il écoute et met en pratique les conseils des judokas du Mikami Lausanne. Il avoue être allé au judo, la première fois, sans grande conviction,mais…« Au premier cours, on m’a appris à tomber, au deuxième àme protéger, alors j’ai vu que je pouvais progresser, quemon corps est non seulement semblable à celui des autres hommes,mais qu’il a des ressources que jusque-là je n’exploitais pas. Je me découvre de la force, je découvre une partie de ma vie que j’ignorais, et déjà un copain infirmier m’a dit que j’avais gagné en équilibre. Le self-défense me donne confiance, la souplesse me rapproche demon corps. »

Et le football, dont rêvait (un peu) Alexandre ? Il aurait fallu attendre la belle saison pour commencer, alors il a préféré se lancer sur le tatami. Où il a trouvé non pas un sport d’équipe, ce que lui aurait proposé le football, mais un esprit d’équipe qui le séduit de jour en jour.

Et puis, comme ce sacré gaillard ne fait jamais les choses à moitié, voilà qu’il apprend le japonais. Il précise que cela n’a rien à voir avec la découverte du judo, que c’est juste « pour approfondir la philosophie orientale », mais que « malgré tout, le hasard rend les choses cohérentes ». C’est donc un Jollien serein, un aventurier lâché dans de nouveaux mondes qui le fascinent, qui tient à dire merci aux lecteurs de 24 heures. « Oui, merci pour toutes ces réponses, merci de n’avoir pas interprété ma demande comme un caprice.

Merci, arigatou ! » sourit l’étudiant en japonais. Ce soir, Alexandre Jollien sera sur le tatami, aux prises avec Eddy, 80 ans. Eddy avait lu l’appel du philosophe dans le journal. Il est à l’origine de son arrivée au club, et il lui enseigne les bases du judo, ce sport qui dit si bien à Jollien qu’il est un homme comme les autres.

Philippe Dubath

Article paru dans le "24Heures" du mercredi 8 mars 2011

Le fond de l’air est frais